La Dernière maison sur la gauche

14 mai 2009

La Dernière maison sur la gauche

The Last house on the left - Réalisé par Dennis Lliadis Avec : Monica Potter, Sara Paxton, Garret Dillahunt, etc... Film d'horreur américain, Sortie le 22 avril 2009, 1h40, Interdit -16ans

Synopsis - Les Collingwood possèdent une maison isolée, sur les berges d'un paisible lac. C'est là, qu'un soir, leur fille, Mari, et sa copine Paige se font enlever par un psychopathe évadé, Krug, sa compagne Sadie, son frère Francis et son fils, Justin. Laissée pour morte, Mari tente désespérément de contacter ses parents, John et Emma, qui sont sa dernière chance de survie. Pris au piège par les intempéries, la bande trouve refuge auprès des Collingwood qui attendent toujours des nouvelles de Mari avant d'apprendre à qui ils ont offert l'hospitalité. Les tortionnaires de leur fille maudiront à jamais le jour où ils échouèrent dans "La Dernière maison sur la gauche".

Critique - La Dernière maison sur la gauche est la dernière œuvre en date de la frénésie du remake qui s'est emparé de Sean S. Cunningham (Vendredi 13) et de Wes Craven, deux têtes de proue du cinéma d'épouvante des années 70-80. Craven récupérant peu à peu les droits de ses réalisations, s'est mis en tête de chercher de jeunes talents internationaux pour dépoussiérer son œuvre. Après la superbe version de La Colline à des yeux du frenchie Alexandre Aja et sa désastreuse suite de l'allemand Martin Weisz, c'est donc au tour du grec Dennis Lliadis de s'y coller. Alors pour le pire ou pour le meilleur ? La tâche n'était pas moindre. Craven a réalisé nombre de films cultes, qui ont fortement influencé le Genre (l'humour potache au milieu de bains de sang, c'est lui), mais à la qualité toute relative flirtant souvent avec le Z. Parmi ceux-ci, La Dernière maison sur la gauche a une place particulière : premier film du papa de Freddy Krueger, cette histoire de viol à plusieurs niveaux soulève de nombreuses questions morales sur la violence, la justice, la mort et la désagrégation de la famille. L'original était un film hardcore dont l'influence et les questions se sont encore fait remarquer récemment dans des films comme The Devil's rejects de Rob Zombie ou les Funny Game de Michael Haneke. On est content de constater que ce remake penche du bon coté de la balance en gardant son aspect dérangeant et ultime. A l'instar d'Alexandre Aja, Lliadis a magnifié le matériel d'origine en y apportant sa touche. Exit l'humour décalé au milieu de l'horreur absolue et donc la décontraction qu'elle apportait (ce qui était révolutionnaire il y a 30 ans est désormais suranné). Le film y trouve une force supplémentaire, assombrissant encore un peu plus les ténèbres de la psyché humaine exposée ici. Une humanité et une empathie nouvelle s'installe envers des personnages pourtant peu recommandables et retravaillés grâce à ce que certains considéreront comme une concession scénaristique de poids qui dynamise et donne de nouveaux enjeux au dernier acte. Garret Dillahunt (Le Terminator des Chroniques de Sarah Connor) est incroyable dans le rôle de Krug, le chasseur qui devient proie. Sa masse musculaire associée à sa voix et son jeu d'acteur en font un des psychopathes les plus effrayants du cinéma contemporain. La réalisation de Lliadis est efficace. On regrettera seulement le manque de grain d'une image trop lisse, trop propre, trop estampillée Studio, loin de la photo crade de l'œuvre fauchée de Craven. Lliadis est plus proche de ses personnages, les humanisant, les rendant encore plus crédibles et donc effrayants. Il révèle ainsi la noirceur qui sommeille au fond de chacun avec la question suivante : "Que feriez-vous si vous découvriez que vous avez le bourreau de votre enfant sous votre toit?" La violence y est remis à sa place : répulsive et écœurante à l'image du viol de Mari , brutal et insoutenable. Les effets gores sont utilisés à bon escient. Un excellent remake n'est pas forcément une purge, même si on préférerait voir les scénaristes se remettre à la recherche d'idées originales. Un bon film d'horreur à ne pas mettre devant tous les yeux.