Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Le Vidéodrome
11 mai 2009

Mutants

Réalisé par David Morley Avec : Hélène de Fougerolles, Francis Renaud, Dida, etc... Film d'horreur français, Sortie le 6 mai 2009, 1h25, Interdit -12ans
19091604
Synopsis -
Dans un monde où un terrible virus a contaminé la population, un couple en fuite tente de trouver une zone où se réfugier. Pris au piège, Marco et Sonia vont devoir lutter pour leur survie...

Critique - Nouvel effort de ce qui apparait comme étant désormais une Nouvelle Vague du film d'horreur en France et qui peine malheureusement à se faire entendre. Après Frontière(s), A l'intérieur, Martyrs, etc... Mutants de David Morley apporte une belle pierre à cet édifice fragile. La principale force de ce film  est de ne pas faire un étalage explicite des références de son réalisateur. Morley s'est approprié pleinement son histoire sans se prendre la tête à justifier sa cinéphilie. Pourtant le film suinte de références mais de façon beaucoup plus subtile que le balourd et grand-guignolesque Frontière(s). Le film apparaît plus... adulte en particulier grâce à ses personnages et à un casting mature (car il y en a un peu marre des Wesh-wesh au QI d'huître perdu dans la campagne). Un casting qui paraissait pourtant bien improbable. Il est certain qu'un film d'horreur français qui s'appelle Mutants avec Hélène de Fougerolles en tête d'affiche, au premier abord, ça peut prêter à sourire et à ne pas vraiment donner envie. Rien de tout ça, Francis Renaud est acteur que j'adore et qui est bien trop sous-estimé. Il s'en tire à merveille et trouve une véritable cohésion avec une Hélène de Fougerolles dont on pouvait craindre le pire. Plus habituée aux rôles de pintades, elle nous renvoie ici une belle claque dans la gueule. La belle blonde, brune pour l'occasion, a trouvé ici le meilleur rôle dramatique de sa carrière. Un couple qui fonctionne et dans lequel on croit. Le style de Morley est étonnement mature dans sa mise en scène rappelant celles des maîtres du genre en maîtrisant parfaitement les plans rapprochés et d'ensemble mais surtout le hors-champs. Une longue exposition joue avec les nerfs du spectateur et son impatience en installant une atmosphère lourde et un suspense palpable à la manière d'un John Carpenter dans un univers proche de celui des 28... plus tard accompagné de thématiques dignes de George Romero. Le gore et l'horreur sont mis en scène avec finesse. On assiste à un rapport à la chaire et à l'organique proche de celui de Cronenberg qui tranche bien avec ces immensités enneigées ou bétonnées. Les décors naturels sont d'une beauté et d'un vertigineux à couper le souffle. Si l'histoire de ce couple dont l'un d'eux est affecté d'une mystérieuse maladie contagieuse n'est pas sans rappeler la dégénérescence de La Mouche, on retiendra aussi cette fin émouvante digne de La Belle et la Bête. Morley réussit à insuffler de la vie, une véritable empathie et donc une identification à ses personnages principaux et ce n'est pas une chose si aisée. Une chose qui n'est pas non plus négligeable et qui participe à la crédibilité du film est la qualité de ses dialogues, véritable point faible récurent de la production horrifique francophone. Et pour cause, le film en est presque dépourvu, totalement épuré et dépouillé jusqu'au minimum nécessaire. Morley préfère s'exprimer par l'image sans se paraphraser bêtement par le son comme beaucoup de ses collègues qui aiment à déblatérer dans le vide. Mutants est donc une excellente surprise qui ravira les amoureux du cinéma de Genre malgré quelques petits défauts sans conséquences...
Maintenant je vais refaire mon petit laïus. La distribution de ce film est juste une honte : 26 salles pour toute la France au moment de sa sortie, autrement dit une visibilité quasi-nul. Le film n'a aucune chance avant même d'être projeté. Faire du film de Genre en France, même avec des têtes d'affiche, est aujourd'hui un vrai chemin de croix et une véritable profession de foi. David Morley est de ces auteurs qui ouvrent le chemin et qui est à encourager pour montrer que le genre peut avoir une place dans l'hexagone comme en Espagne, en Angleterre ou comme ce fut le cas en Italie, sous peine de continuer à voir tous nos meilleurs réalisateurs se faire débaucher par Hollywood pour nous sortir des films américains formatés, sur lesquels ils auront peu de pouvoir mais qui sortiront par contre dans tous les cinoches.


Publicité
Publicité
Commentaires
Publicité
Le Vidéodrome
Derniers commentaires
Archives
Publicité