Eden à l'Ouest

Eden is West - Réalisé par Costa-Gavras Avec : Riccardo Scarmacio, Eric Caravaca, Ulrich Tükur, etc... Drame français, Sortie le 11 février 2009, 1h50

Synopsis - Comme dans l'Odyssée, c'est en mer Egée que l'aventure d'Elias, notre héros sans légende, commence. Sur la même mer, sous le même soleil et le même ciel qu'à l'aube de la civilisation. Après bien des péripéties, dont une escale au paradis et un bref séjour en enfer, son épopée se dirige magiquement vers Paris. Paris, que chaque errant voit briller au plus profond de ses rêves dans son sommeil incertain.

Critique - Costa-Gavras fait parti de mes cinéastes favoris. Son engagement à travers une filmographie parfois très politique n'est pas étranger à cet attachement. Eden à l'Ouest ne déroge pas à cette règle. Costa-Gavras réalise ici un véritable pamphlet contre la forteresse européenne à la chasse du moindre bougre venu y chercher une hypothétique vie meilleure. On peut critiquer le réalisateur d'être trop démonstratif mais à l'époque qu'est la notre, un peu d'humanité ne peut jamais faire de mal. Elias livre une véritable bataille, une aventure, une odyssée semblable à celle d'Ulysse avec ses embuches, ses sirènes, ses pièges et ses illusions pour un objectif qui a tout de l'irréel. Un conte moderne pour raconter le quotidien des clandestins, toujours en fuite, toujours exploités. C'est toute la nature humaine que l'on perçoit durant toute la durée du métrage : de la bonté la plus profonde à l'ignominie la plus gratuite qui se côtoient de près. Des affrontements de valeurs, des chocs culturels, à la démonstration évidente de toute la bêtise d'une société qui se regarde le nombril n'aillant pas conscience du monde qui l'entoure. Une société composé d'individus qui, même par la plus insignifiante des actions, peuvent changer une vie et entrer en résistance, juste un instant et sans en prendre conscience. Eden à l'Ouest n'est pas le film naïf que l'on essaie de nous faire croire. C'est un film sur l'humanité de ce début de XXIème siècle, les Lettres Persanes de Montesquieu à Gavras, avec toute la dureté qu'elle peut connaitre mais aussi ces moments de grâce. La réalisation est comme d'habitude très soignée avec toujours des arrières-plans savoureux comme cette omniprésence des médias qui ne pointent jamais leur caméra frontalement sur le sujet, trop loin et à la fois si proche de la réalité. Autant d'instrument pour voir qui sont aveuglés. La prestation de l'italien Riccardo Scamarcio est excellente, touchante. Des scènes simples provoquent effroi ou espoir, c'est bien là la marque d'un grand cinéaste. Ce film n'a pas la prétention d'apporter des solutions, ce n'est pas son rôle. Il est là pour rendre compte et hommage à plusieurs générations d'immigrés qui nous ont précédé et à changer notre regard sur ceux d'aujourd'hui. Elias ne vient d'aucun pays du monde en particulier, c'est ce qui le rend universel. Un excellent film dont on ne regrettera que le final soulignant l'aspect utopique de la fable et entrant bien trop dans le surréalisme. La volonté permet de franchir toutes les montagnes et les océans. Un film permet de changer de point de vue.

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