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Le Vidéodrome
20 février 2008

Redacted

Réalisé par Brian De Palma Avec : Kel O'neill, Tyl Jones, Daniel Sherman, etc... Film de Guerre américain, Sortie le 20 février 2008, 1h30, Interdit -12ans
red
Synopsis - Redacted raconte une histoire fictive inspirée de faits réels. Un petit groupe de soldats américains en garnison à un poste de contrôle en Irak s'interrogent sur l'utilité de leur mission au service d'un peuple qui lui est hostile et mettant les nerfs de chacun à vif.

Critique - Le dernier De Palma est un film atypique, du moins dans la forme. Il s'agit d'une espèce de faux documentaire censé regrouper des images de sources diverses (caméra surveillance, vidéos personnelles de soldats, documentaire de journalistes français, films de propagande terroriste, reportages d'Al-Jazeera, vidéos youtube, etc...) sur un crime de guerre inspiré de faits réels commis en 2006. Le concept de base, si j'ai bien compris la note d'intention du cinéaste, était de confronter la réalité d'une guerre abusive à travers les images dont on est abreuvé à notre époque surmédiatique. Mais, détail important, il s'agit ici d'images non-censurés par l'Etat ou l'armée (d'où l'origine du titre). On peut donc s'attendre à un film sur la désinformation et la manipulation étatique de l'information à des fins de propagandes mais en réalité tout ceci n'est que survolé et reste à l'état d'intentions. Le film n'est pas mauvais, les acteurs sont bons, il y a une histoire et une réalisation (encore un film en dv-subjective, cf Cloverfield) mais le fond idéologique est un peu douteux dans le contexte actuel. Je m'explique : il est dommage et en aucun cas courageux de sortir actuellement un film disant juste : "la guerre en Irak c'est pas bien, on est des salauds" alors que la mandature de Bush arrive à sa fin et que tout le monde, y comprit aux Etats-Unis, est d'accord pour reconnaitre que cette guerre est inutile et abjecte. Le film ne va pas plus loin et on peut se demander si De Palma n'a pas fait surtout là une œuvre opportuniste et hypocrite. L'art de nous dire une évidence sans chercher à aller plus loin. Pire, la réflexion globale du métrage restant tellement basique, celui-ci ne fait que mettre à l'index des soldats américains, troufions de base, sans trop remettre en cause leur hiérarchie. Et on en revient à la comparaison avec le Vietnam, pour un retour au pays qui promet de ne pas d'être tendre avec les vétérans.  Même au niveau des personnages c'est assez cliché : l'idéaliste, le neuneu, le psychopathe, le naïf, et bien sûr le sergent black gueulard qui sera le seul à se faire dézinguer. Ce que je trouve inquiétant dans ce métrage, qui ne tiendra pas une grande place dans la pléthore de films qui traite de ce sujet depuis 2003, c'est qu'il est sensé montrer ce que l'on nous cache ou édulcore et là on se dit quand même que si la population américaine est inconsciente de ce genre d'agissement de son armée c'est grave car ce sont bien les seuls. Avec la découverte du siècle : la vie d'un arabe ne vaut-elle pas finalement celle d'un américain? Le seul intérêt pour un spectateur français c'est peut-être d'avoir une idée de la censure aux Etats-Unis et du travail intellectuel qu'il reste à faire au mieux, au pire on a l'impression d'être devant Envoyé Spécial, un style bien pompeux en prime. Le comble de l'hypocrisie tient quand même dans le défilement de photos réelles, à la fin du film, montrant les victimes irakiennes de ces crimes de guerre, ces "dommages collatéraux". Des photos déjà malheureusement célèbres chez nous. Les visages ont été tous flouté préventivement... par peur de procès. Les morts portes-ils plaintes? Quelle est la pertinence de montrer de telles horreurs en masquant les parties du corps qui sont les plus représentatifs de l'être humain? C'étaient des personnes et on néglige encore une fois leur droit à l'individualité en les noyants dans une masse informe et macabre. Pour un film censé critiquer le traitement et l'épuration des images je trouve ça limite niveau cynisme. Redacted aurait-été une œuvre subversive et pertinente si elle était sortie deux ans plus tôt. Le contexte de la parution d'un film a son importance. Le Dictateur de Chaplin n'aurait pas eut la même portée historique s'il était sortie après la Seconde Guerre Mondiale. Au lieu d'une dénonciation, on assiste davantage à du voyeurisme opportun et assez malsain avec en plus l'étiquette en bien gras du "inspiré de faits réels !". La pertinence du film, hors des frontières américaines me parait donc sacrément amoindrie. Le générique du film se déroule dans un silence de plomb laissant pantois les spectateurs. On a l'impression de sortir d'une église après un enterrement. A vous désespérer de l'être humain.


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Commentaires
Y
Je regarde le film aujourd'hui soit 4 ans après sa sortie. Je le trouve assez puissant car c'est un témoignage de faits. Innovant de plus dans sa manière d'être filmé et monté. C'est une oeuvre qui dénonce. N'oublions pas que des scènes ont été censurées par le producteur. Alors oui, dès le départ l'on sait que les soldats vont déconner et bla bla mais c'est un rappel aux peuples victimes de ceux qui dirigent le monde prônant être les seuls détenteurs de la justice. Et l'on sait tous que nous avons la mémoire courte.
Z
j'avais la sensation que beaucoup de films sur l'Irak tombent au bon moment... comme par hasard et j'ai parfois l'impression que certains sont fait uniquement pour se déculpabiliser de ce qui a pu être fait ou penser avant... c'est tellement facile de faire un film contre qqchose au moment où tout le monde pense pareil. <br /> Quant à la pertinence du film hors frontière américaines, ça m'étonne pas, j'avais déjà un peu ressentie ça pour Dans la vallée d'Elah...
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